Transformer nos modèles
Des solutions pour transformer nos modèles De la robustesse aux indicateurs alternatifs, en passant par les marges... Les experts, intervenus le 22 avril 2025, ont livré des leviers pour transformer et repenser nos modèles d'organisation et d'évaluation.

L'indicateur de capacité relationnelle : repenser le lien social
Cécile Ezvan, philosophe et économiste, a présenté le concept d'indicateur de capacité relationnelle, un outil permettant d’évaluer la contribution des entreprises au lien social. S’appuyant sur les travaux de l’économiste Amartya Sen et de la philosophe Martha Nussbaum, elle critique la vision strictement monétaire de la qualité de vie et propose de prendre en compte des facteurs sociaux et relationnels, essentiels pour le développement des territoires. Plutôt que de mesurer des ressources, Ezvan suggère de se concentrer sur les capacités – c'est-à-dire la possibilité d'agir et d’interagir, influencée par des facteurs personnels, sociaux et environnementaux. Cet éclairage relationnel pertinent est tant pour réfléchir à la participation des citoyens et à l’innovation sociale dans l’optique du bien vivre ensemble, qu’à la mesure de la contribution sociale et sociétale de l’entreprise à l’échelle d’un territoire donné
De la performance à la robustesse des organisations
Olivier Hamant, chercheur français en biologie et biophysique, nous invite à reconsidérer notre obsession pour la performance, qu'il qualifie de « crise culturelle ». Selon lui, depuis les années 1950, l’économie a érigé la performance – faire toujours plus avec moins – en valeur centrale, fragilisant ainsi les systèmes et générant un « burn-out planétaire ». La sur-optimisation touche tous les secteurs : travail, environnement, société. Or, cette quête excessive de performance finit par provoquer des ruptures. Pour Hamant, le défi actuel est de passer d’un modèle de performance à un modèle de robustesse. S’inspirant du vivant, il explique que ce sont les marges – à l’image des oiseaux à la périphérie d’un groupe – qui captent les signaux faibles et amorcent les transformations. Ainsi, ce sont les acteurs en marge qui peuvent impulser un changement systémique, contaminant peu à peu le cœur des organisations.
Croissance ou durabilité ? Revoir les priorités
Timothée Parrique, économiste et auteur de « Ralentir ou périr », remet en question l’obsession pour la croissance, un concept qu’il qualifie de récent mais omniprésent. Apparue dans les années 1950-1960, cette notion domine encore aujourd’hui la hiérarchie des indicateurs, reléguant les alternatives au second plan. Il critique l’idée selon laquelle croissance et progrès seraient indissociables, pointant les limites du PIB pour mesurer le bien-être des sociétés. Selon lui, il est urgent de hiérarchiser différemment les indicateurs afin de privilégier des modèles plus durables.
Crédits photographiques : ©Université Bretagne Sud. Service Communication